Auto-parrainage électoral : cinq juristes contestent la position de la Cena et saisissent la Cour constitutionnelle

Auto-parrainage électoral : cinq juristes contestent la position de la Cena et saisissent la Cour constitutionnelle

Cinq juristes ont saisi la Cour constitutionnelle pour contester l’interprétation du Directeur général des élections de la Cena qui estime qu’un élu peut se parrainer lui-même pour une élection présidentielle. Selon les requérants, le législateur béninois n’a jamais prévu une telle possibilité d’auto-parrainage. Une décision attendue jeudi 9 octobre pourrait bouleverser la présidentielle de 2026, l’opposition ne disposant que de 28 élus.

La question de l’auto-parrainage dans le processus électoral béninois vient de franchir les portes de la Cour constitutionnelle. Ce mardi 7 octobre 2025, cinq juristes ont déposé un recours pour contester avec virulence l’interprétation du code électoral avancée publiquement par le Directeur général des élections de la Commission électorale nationale autonome (Cena).

Une interprétation controversée

Au cœur de la controverse se trouve une déclaration du Directeur général des élections de la Cena, qui avait affirmé qu’un élu pourrait procéder à son auto-parrainage en vue d’une élection présidentielle. Son raisonnement : « si l’on peut voter pour soi-même, l’on peut se parrainer ».

Cette position, jugée « contraire à l’esprit et à la lettre » du code électoral par les requérants, soulève des questions fondamentales sur l’interprétation des textes juridiques régissant les élections au Bénin.

Les arguments juridiques des requérants

Dans leur recours, les cinq juristes développent une argumentation serrée basée sur l’analyse de l’article 132 de la loi n° 2024-13 du 15 mars 2024 modifiant et complétant la loi n°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral.

Selon les auteurs, le parrainage est par nature extérieur au parrain. Ils citent notamment le passage suivant du code électoral : « un député ou un maire ne peut parrainer que le candidat membre ou désigné du parti sur la liste duquel il a été élu ». Pour eux, cette formulation met clairement l’accent sur le fait que le parrainage doit provenir d’une autre personne que le candidat lui-même.

« Le législateur n’a laissé aucune ambigüité sur le fait que le parrainage doit provenir de quelqu’un d’autre », insistent les requérants.

Vote et parrainage : deux mécanismes distincts

Les juristes reprochent au Directeur général des élections d’avoir confondu deux opérations juridiquement distinctes. Le vote, expliquent-ils, est une opération différente du parrainage, qui constitue « un mécanisme de tamisage pour aller demander le suffrage des électeurs ».

Selon leur analyse, le parrainage vise à recevoir l’appui et l’assentiment des autres aux fins d’asseoir une légitimité populaire à la candidature. C’est précisément pour cette raison que le législateur n’a mentionné nulle part la possibilité de l’auto-parrainage dans le code électoral, concluent les signataires, parmi lesquels figure Landry Adelakoun.

Des enjeux majeurs pour la présidentielle 2026

Le débat sur l’auto-parrainage révèle l’urgence d’une clarification par la Cour constitutionnelle. La décision à venir pourrait avoir des répercussions majeures sur l’élection présidentielle de 2026.

L’opposition ne dispose actuellement que de 28 élus. Si l’auto-parrainage est exclu par la Cour constitutionnelle, elle ne pourra pas présenter un député comme candidat, alors que certains parmi les aspirants sont bel et bien en lice pour la candidature.

Cette situation ajoute une dimension stratégique cruciale à l’approche de l’échéance électorale. Le parti Les Démocrates, dirigé par l’ancien président Thomas Boni Yayi, a d’ailleurs promis de dévoiler son duo de candidats le 11 octobre prochain.

Une audience imminente

Landry Angelo Adelakoun, l’un des requérants, a révélé que la Cour constitutionnelle a convoqué les auteurs du recours à l’audience plénière du jeudi 9 octobre. La décision de la haute juridiction pourrait être connue le même jour, offrant ainsi une clarification rapide sur cette question juridique épineuse.

L’issue de ce recours est attendue avec une grande attention par l’ensemble de la classe politique béninoise, tant les implications pour l’avenir démocratique du pays sont importantes.

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