Le dimanche 7 décembre 2025 restera gravé dans l’histoire récente du Bénin. Ce jour-là, le pays a frôlé le basculement dans l’instabilité qui mine plusieurs nations d’Afrique de l’Ouest. Une tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon a été rapidement déjouée, témoignant à la fois de la fragilité et de la résilience des institutions béninoises.
Un scénario désormais classique en Afrique de l’Ouest
Vers 8 heures du matin, heure locale, des images troublantes envahissent les écrans de la télévision publique béninoise. Des militaires en armes, le visage grave, annoncent avoir pris le pouvoir. Leur porte-parole déclare que le président Patrice Talon est démis de ses fonctions et que le lieutenant-colonel Pascal Tigri prend la tête d’un « Comité militaire pour la refondation ».
Le scénario rappelle étrangement les récents bouleversements au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée. Les putschistes évoquent les mêmes justifications : dégradation de la situation sécuritaire, mauvaise gouvernance, confiscation des richesses par une élite, libertés bafouées. Dans le nord du Bénin, aux frontières avec le Burkina Faso et le Niger, la menace jihadiste s’intensifie effectivement, créant un climat d’insécurité propice aux contestations.
Les soldats mutins annoncent la dissolution des institutions, la suspension des activités politiques et la fermeture des frontières. Quelques heures plus tôt, des coups de feu avaient résonné près du Camp Guezo, à proximité de la résidence présidentielle à Cotonou, la capitale économique.
Une riposte rapide et coordonnée
Mais contrairement aux coups d’État réussis dans la sous-région, celui du Bénin tourne court. Quelques heures seulement après l’annonce des putschistes, le ministre de l’Intérieur, Alassane Seidou, apparaît à son tour sur les écrans. Son message est clair : la tentative de coup d’État a échoué. Les forces loyalistes ont rapidement repris le contrôle de la situation.
Cette efficacité s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la loyauté d’une grande partie de l’armée envers les institutions républicaines. Ensuite, l’intervention décisive du Nigeria voisin, qui a mené des frappes aériennes ciblées sur les positions des mutins à Cotonou, notamment au niveau de la télévision nationale et du camp militaire où ils s’étaient regroupés. Abuja a également déployé des troupes terrestres pour soutenir le gouvernement béninois.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a rapidement réagi en annonçant le déploiement de forces régionales pour préserver l’ordre constitutionnel. Un signal fort envoyé aux putschistes potentiels de la région.
En fin de journée, le président Talon lui-même s’adresse à la nation, confirmant que la situation est totalement maîtrisée et invitant les Béninois à reprendre leurs activités normalement.






