Désignation du duo candidat chez les DÉMOCRATES : sans le code électoral et la réforme du système partisan, le parti serait déjà divisé en deux ou trois

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Trente-quatre candidatures déposées. Trente-quatre duos en compétition pour représenter les DÉMOCRATES à la prochaine échéance électorale. Ce chiffre vertigineux témoigne d’une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : le parti des DÉMOCRATES est traversé par des ambitions multiples, des visions divergentes et des ego surdimensionnés. Dans tout autre contexte, avec un autre cadre juridique, un tel niveau de fragmentation interne aurait déjà conduit à l’implosion du parti. Pourtant, les DÉMOCRATES tiennent. Pourquoi ? La réponse se trouve dans le code électoral et la réforme du système partisan qui, malgré leurs imperfections, constituent le ciment invisible qui maintient l’unité là où tout pousse à la division.

Trente-quatre candidatures : le symptôme d’une fragmentation contenue

Le fait que 34 duos aient déposé leur candidature pour représenter les DÉMOCRATES n’est pas un simple détail statistique. C’est le révélateur d’une réalité profonde : ce parti abrite en son sein au moins trois, voire quatre familles politiques distinctes qui, en d’autres circonstances, auraient déjà fait cavalier seul.

Des ambitions irréconciliables maintenues sous le même toit

Parmi ces 34 candidatures, on trouve :

  • Des cadres historiques du parti qui peuvent estimer que leur ancienneté leur confère une légitimité naturelle
  • Des jeunes loups ambitieux qui peuvent juger qu’il est temps de tourner la page de l’ancienne garde
  • Des représentants de sensibilités idéologiques différentes, de la gauche sociale à la social-démocratie centriste
  • Des figures régionales qui souhaitent faire valoir leurs bases territoriales

Dans un système politique où créer un nouveau parti serait facile et viable, ces 34 candidats ne se seraient jamais retrouvés sous la même bannière. Les divergences programmatiques, les rivalités personnelles et les calculs stratégiques auraient depuis longtemps provoqué des scissions. Certains auraient créé le « Parti des DÉMOCRATES Authentiques », d’autres le « Mouvement Démocrate Progressiste », d’autres encore « L’Alternative Démocratique ». Le paysage politique serait fragmenté, illisible, instable.

Le code électoral comme contrainte unificatrice

Mais voilà : le code électoral a changé la donne. Il impose des règles du jeu qui rendent la division coûteuse et l’unité avantageuse, même douloureuse.

Comment le code électoral transforme 34 rivaux en colistiers potentiels

1. Les exigences d’implantation territoriale : trop lourdes pour partir seul

Le code électoral impose aux partis politiques de justifier d’une présence effective sur l’ensemble du territoire national. Cette exigence n’est pas anodine. Pour les 34 candidats démocrates, cela signifie que quitter le parti reviendrait à abandonner toute l’infrastructure territoriale patiemment construite : permanences locales, réseaux de militants, coordinations départementales, relais communaux.

Imaginez l’un de ces 34 candidats, frustré de ne pas être désigné, qui claque la porte et annonce la création de son propre parti. Il devrait immédiatement reconstruire ce maillage territorial de zéro. Mobiliser des militants dans chaque département, installer des structures locales, convaincre des coordonnateurs régionaux. Un travail titanesque qui prendrait des années, alors que l’échéance électorale approche. Le code électoral rend donc la sécession quasiment impraticable pour un candidat pressé.

Cette contrainte explique pourquoi, malgré leurs ambitions rivales, ces 34 candidats restent sous le même toit. Non par amour mutuel, mais par calcul rationnel : le label DÉMOCRATES leur offre une infrastructure clé en main que personne ne peut recréer rapidement.

2. Les seuils électoraux : la guillotine des petites formations

Le code électoral fixe des seuils minimaux pour accéder à la représentation parlementaire et aux différents avantages liés à la reconnaissance officielle d’un parti. Ces seuils, même s’ils peuvent sembler modestes, constituent une barrière insurmontable pour de nombreuses nouvelles formations.

Nos 34 candidats démocrates le savent : individuellement, aucun d’entre eux n’a la garantie d’atteindre ces seuils s’il part seul ou forme un micro-parti. Ils sont donc condamnés à rester ensemble, non par conviction, mais par peur de l’insignifiance électorale.

C’est là l’un des effets les plus puissants du code électoral : il transforme des adversaires en partenaires forcés. Plutôt que de risquer l’exclusion du jeu politique, les 34 candidats acceptent de jouer le jeu des primaires internes, sachant que le perdant d’aujourd’hui pourra être le ministre de demain si le parti remporte l’élection.

3. Le capital symbolique du label : on ne quitte pas facilement une marque connue

Les DÉMOCRATES, comme tout parti établi, possèdent un capital symbolique précieux : une histoire, une réputation, une reconnaissance immédiate par les électeurs. Ce capital n’est pas transférable. Celui qui quitte le parti abandonne ce capital et doit tout reconstruire.

Pour nos 34 candidats, même les plus frustrés, cette réalité est incontournable. Ils peuvent critiquer la direction du parti, contester les résultats des primaires, dénoncer les manœuvres internes, mais ils hésitent à franchir le Rubicon de la rupture. Car ils savent que, seuls, ils ne seront que des inconnus face à la marque DÉMOCRATES qu’ils auront quittée.

Le code électoral, en imposant des conditions strictes pour la création et la reconnaissance de nouveaux partis, renforce la valeur de ce capital symbolique. Il crée une asymétrie : les partis établis ont un avantage énorme sur les nouveaux venus. Cette asymétrie dissuade les scissions et encourage la compétition interne plutôt que la rupture.

4. Les procédures internes obligatoires : canaliser les conflits

La réforme du système partisan a imposé aux partis des règles de fonctionnement interne : organisation de primaires, mécanismes de recours, procédures d’arbitrage. Ces règles peuvent sembler bureaucratiques, mais elles jouent un rôle essentiel : elles canalisent les conflits et offrent des voies de sortie alternatives à la scission.

Nos 34 candidats démocrates, même s’ils sont en compétition féroce, savent qu’ils disposent de recours si la compétition leur semble biaisée. Ils peuvent contester les résultats, demander un recomptage, saisir les instances d’arbitrage du parti. Ces procédures, même imparfaites, offrent un exutoire à la frustration et retardent le moment de la rupture.

Sans ces procédures imposées par le code, la moindre contestation dégénérerait en rupture définitive. Avec elles, les 34 candidats sont obligés d’épuiser les voies internes avant de claquer la porte. Et souvent, le temps que ces procédures se déroulent, les passions se calment et les calculs rationnels reprennent le dessus.

Malgré ces avantages du code, il est nécessaire de corriger certaines choses à l’avenir

Toutefois, il serait malhonnête de ne pas reconnaître que le code électoral et la réforme du système partisan, malgré leurs mérites indéniables, comportent des vides juridiques préoccupants qu’il convient de corriger pour l’avenir.

Le vide juridique du seuil des 20%

L’une des lacunes les plus criantes du code électoral concerne le seuil de représentativité de 20% que chaque parti doit atteindre dans chaque circoncription. Mais que se passe-t-il si aucun parti n’atteint ce seuil ? Le code électoral reste muet sur cette éventualité.

Imaginons un scénario où la fragmentation politique serait telle qu’aucune formation ne parviendrait à réunir 20% des suffrages au niveau national. Devrait-on organiser un second tour entre les deux partis arrivés en tête ? Devrait-on abaisser automatiquement le seuil ? Devrait-on invalider l’élection ? Le vide juridique est total et pourrait plonger le pays dans une crise institutionnelle majeure.

Cette lacune n’est pas théorique. Dans un contexte de multiplication des partis et d’émiettement des votes, ce scénario pourrait un jour se réaliser. Il est urgent que le législateur précise les règles applicables dans une telle situation pour éviter l’improvisation en pleine crise électorale.

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