L’opposant béninois et ancien ministre de la Défense, Candide Azannaï, a été interpellé ce vendredi 12 décembre 2025 dans la matinée par les forces de l’ordre. L’arrestation s’est déroulée devant le siège de son parti, Restaurer l’Espoir, où il s’apprêtait à organiser une activité.
Selon son fils Aaron Azannaï, qui s’est exprimé sur Facebook, l’ex-ministre se trouverait actuellement à la Brigade économique et financière (BEF). Les agents qui ont procédé à l’interpellation étaient en civil, selon plusieurs sources proches du dossier.
Un contexte politique tendu
Cette arrestation intervient dans un climat politique particulièrement agité au Bénin. Dimanche 7 décembre dernier, le pays a été secoué par une tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon. Des militaires mutins dirigés par le lieutenant-colonel Pascal Tigri ont brièvement pris le contrôle de la télévision nationale pour annoncer la destitution du chef de l’État, avant que les forces loyalistes ne reprennent le dessus.
Les putschistes avaient également attaqué la résidence présidentielle et celles de plusieurs hauts gradés de l’armée. Selon les autorités béninoises, l’intervention rapide des forces armées, soutenues par des troupes nigérianes, a permis de déjouer cette tentative. Le lieutenant-colonel Pascal Tigri serait actuellement en fuite, possiblement réfugié dans un pays voisin.
Une réaction paradoxale
Paradoxalement, Candide Azannaï avait publiquement condamné cette tentative de coup d’État. Le 10 décembre, le parti Restaurer l’Espoir et la Coordination nationale de la résistance avaient qualifié l’événement de « crapuleuse barbarie » et exprimé leur soutien aux forces armées béninoises, tout en rendant hommage aux victimes.
Dans leur déclaration, ces organisations ont réaffirmé que « la politique est du seul domaine exclusif du civil et pas du militaire », soulignant que les événements du 7 décembre constituaient une violation du pacte républicain établi lors de la Conférence nationale de 1990.
Un opposant controversé
Ancien soutien de Patrice Talon lors de la campagne présidentielle de 2016, Candide Azannaï a démissionné du gouvernement en mars 2017, moins d’un an après l’accession au pouvoir du président. Depuis, il est devenu l’un des critiques les plus virulents du régime.
Figure atypique de l’opposition béninoise, l’ancien ministre se distingue par sa liberté de ton et ses attaques frontales contre le pouvoir en place. Cette audace a souvent suscité des interrogations dans l’opinion publique, certains se demandant pourquoi il n’a jamais été inquiété malgré ses déclarations régulières contre le régime.
Les motifs exacts de son interpellation n’ont pas encore été communiqués par les autorités. Cette arrestation soulève de nouvelles questions sur le climat politique au Bénin, à quelques mois de l’élection présidentielle prévue pour avril 2026.





