Le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji, a ouvert la porte à un scénario inédit pour l’élection présidentielle d’avril 2026 : un scrutin opposant seulement deux duos de candidats. Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions autour des conditions de participation au scrutin.
« Pourquoi pas ? » : la réponse du gouvernement
Interrogé vendredi 17 octobre 2025 sur la possibilité d’une présidentielle avec seulement deux duos en lice, Wilfried Léandre Houngbédji n’a pas écarté cette éventualité. « Avec deux duos ? Pourquoi pas ? Ça fait un duo contre un duo, non ? », a répondu sans détour le porte-parole du gouvernement face à la presse.
Pour lui, le nombre de candidats qualifiés dépendra strictement du respect des conditions légales. « S’il y en a deux, s’il y en a trois, s’il y en a cinq qui sont qualifiés, les cinq iront aux compétitions », a-t-il précisé, insistant sur le fait que la participation à une élection est « un droit certes, mais aussi une faculté » conditionnée par l’accomplissement de « formalités substantielles ».
Le principe d’intransigeance sur la légalité
La position du gouvernement est claire : seuls les duos remplissant toutes les conditions réglementaires pourront participer au scrutin. « Ceux qui ne remplissent pas les conditions, vous ne demanderez pas, en fraude à la loi, de les habiliter à prendre part à l’élection », a martelé Wilfried Léandre Houngbédji.
Cette fermeté intervient alors que la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) a enregistré cinq duos de candidatures à la clôture du dépôt des dossiers le 15 octobre 2025. La liste des candidats définitivement qualifiés n’a pas encore été publiée.
La crise du parrainage des Démocrates
Au cœur de la polémique se trouve le duo du parti Les Démocrates, principale formation d’opposition au régime du président Patrice Talon. Composé de Me Renaud Agbodjo et Jude Lodjou, ce duo rencontre des difficultés majeures pour obtenir les 28 parrainages obligatoires.
Le problème provient de Michel Sodjinou, député membre du parti, qui refuse de leur accorder son parrainage. Il conteste le caractère consensuel de leur désignation comme candidats du parti. Selon Sacca Lafia, président de la CENA, le dossier du duo est incomplet et nécessite une fiche de parrainage valide en remplacement de celle du député contestataire.
Saisie de cette situation complexe, la Cour constitutionnelle tenait ce lundi 20 octobre une session plénière spéciale pour examiner le recours.
Un scrutin à visage variable
Le porte-parole du gouvernement se projette déjà vers la campagne électorale, quelle que soit la configuration finale. « J’attends de savoir ce que dira la CENA, pour voir qui sont effectivement les adversaires que mon candidat aura à affronter, et mesurer leurs forces et faiblesses », a-t-il déclaré, ajoutant que la mouvance présidentielle adaptera « sa stratégie à la taille de l’adversaire en face ».
Cette posture soulève des inquiétudes quant au pluralisme politique lors de cette élection cruciale. Si les conditions strictes de participation devaient écarter plusieurs formations, le Bénin pourrait connaître un scrutin présidentiel avec un choix limité pour les électeurs, une situation qui alimenterait les débats sur la vitalité démocratique du pays.
La publication prochaine de la liste définitive des candidats qualifiés par la CENA et la décision de la Cour constitutionnelle concernant le cas des Démocrates seront déterminantes pour dessiner le paysage de cette présidentielle 2026.
