Auto-parrainage électoral : la Cour constitutionnelle déclare irrecevable le recours des cinq juristes

La Cour constitutionnelle a déclaré irrecevable le recours déposé par cinq juristes contestant l’interprétation de la Cena sur l’auto-parrainage électoral. Cette décision laisse la question juridique en suspens, sans trancher définitivement sur la possibilité pour un élu de se parrainer lui-même lors d’une élection présidentielle. Le débat reste donc ouvert à l’approche de la présidentielle de 2026.

Coup de théâtre dans l’affaire de l’auto-parrainage électoral. La Cour constitutionnelle a rendu sa décision ce jeudi 9 octobre 2025, déclarant irrecevable le recours introduit par cinq juristes, dont Landry Angelo Adelakoun, contre l’interprétation du Directeur général des élections de la Commission électorale nationale autonome (Cena).

Une décision procédurale

La haute juridiction n’a pas examiné le fond de l’affaire, se limitant à une décision de recevabilité. Cette issue procédurale signifie que les arguments juridiques développés par les requérants sur l’impossibilité de l’auto-parrainage n’ont pas été débattus devant les juges constitutionnels.

Pour rappel, les cinq juristes contestaient avec virulence la position du Directeur général des élections de la Cena, qui avait déclaré qu’un élu pourrait se parrainer lui-même en vue d’une élection présidentielle, estimant que « si l’on peut voter pour soi-même, l’on peut se parrainer ».

Une question juridique non tranchée

L’irrecevabilité du recours a pour conséquence majeure de laisser la question de l’auto-parrainage dans un flou juridique. La Cour constitutionnelle n’ayant pas statué sur le fond, aucune clarification définitive n’a été apportée sur l’interprétation de l’article 132 de la loi n° 2024-13 du 15 mars 2024 modifiant le code électoral.

Cette situation maintient donc deux lectures opposées du texte. D’un côté, l’interprétation de la Cena qui autorise l’auto-parrainage. De l’autre, la thèse des juristes qui estiment que le législateur n’a jamais prévu une telle possibilité, le parrainage étant par nature extérieur au parrain.

Des implications politiques importantes

Cette absence de clarification juridique intervient à un moment crucial, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2026. L’incertitude persiste sur les modalités de candidature, particulièrement pour l’opposition qui ne dispose que de 28 élus.

Si l’auto-parrainage devait être ultérieurement contesté ou clarifié dans un sens restrictif, certaines candidatures pourraient se trouver en difficulté. À l’inverse, si l’interprétation de la Cena devait prévaloir, les députés et maires pourraient effectivement se parrainer eux-mêmes.

Le parti Les Démocrates, dirigé par l’ancien président Thomas Boni Yayi, qui doit dévoiler son duo de candidats le 11 octobre prochain, évolue donc dans ce contexte d’incertitude juridique.

Une question qui pourrait resurgir

L’irrecevabilité du recours ne clôt pas définitivement le débat. La question de l’auto-parrainage pourrait resurgir à travers d’autres voies de droit ou à l’occasion du dépôt des candidatures pour la présidentielle de 2026.

D’autres acteurs politiques ou juridiques pourraient saisir à nouveau la Cour constitutionnelle dans des conditions différentes, permettant cette fois un examen au fond. La haute juridiction pourrait également être amenée à se prononcer lors du contrôle de conformité des candidatures, moment où la question de la validité des parrainages sera scrutée.

Un vide juridique préoccupant

Pour de nombreux observateurs de la scène politique béninoise, cette absence de clarification constitue un vide juridique préoccupant. Le parrainage étant un mécanisme essentiel du processus électoral, destiné à garantir la légitimité des candidatures, son interprétation ne devrait pas prêter à confusion.

Les arguments des deux camps restent valables : d’un côté, l’idée que le parrainage, comme mécanisme de tamisage et d’appui, doit nécessairement venir d’un tiers ; de l’autre, l’analogie avec le droit de vote qui permettrait l’auto-parrainage.

En l’absence de position définitive de la Cour constitutionnelle, cette controverse juridique continuera d’alimenter les débats politiques dans les mois à venir, alors que le pays se prépare à une échéance électorale majeure.

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