Le défilé militaire du 80e anniversaire de la défaite du Japon à Pékin a offert une image saisissante : pour la première fois, Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong-un sont apparus ensemble publiquement, symbolisant l’émergence d’un front commun face aux démocraties occidentales.
Une première historique sur la place Tian’anmen
Cette apparition conjointe revêt une portée géopolitique majeure. Jamais auparavant ces trois dirigeants n’avaient affiché une telle proximité en public. Sur le tapis rouge de la place Tian’anmen, le trio occupait une position centrale parmi les vingt invités d’honneur, envoyant un message politique fort à la communauté internationale.
L’événement, commémorant la défaite japonaise de 1945, devient ainsi le théâtre d’une démonstration de force d’un nouvel axe géopolitique qui remet ouvertement en question l’ordre mondial actuel.
Des alliances pragmatiques et idéologiques
Les relations russo-nord-coréennes ont pris une dimension nouvelle avec l’engagement militaire direct de Pyongyang aux côtés de Moscou. Poutine a explicitement remercié Kim Jong-un pour l’envoi de soldats nord-coréens en Ukraine, évoquant les « sacrifices consentis » par ces forces dans la « libération de la région de Koursk ».
Cette coopération militaire illustre la transformation d’alliances de circonstance en partenariats stratégiques durables. Kim Jong-un a d’ailleurs qualifié son soutien à la Russie de « devoir fraternel », témoignant d’une solidarité qui dépasse les seuls intérêts tactiques.
La rhétorique de la paix au service de la confrontation
Paradoxalement, Xi Jinping a encadré cette démonstration de force dans un discours sur la paix, déclarant que « l’humanité se trouve confrontée à un choix entre la paix et la guerre ». Cette rhétorique illustre la stratégie de communication de ces régimes autoritaires qui se présentent comme des défenseurs de la stabilité mondiale tout en remettant en cause l’architecture sécuritaire existante.
La Chine se positionne ainsi comme étant « résolument du bon côté de l’histoire », une formulation qui révèle sa prétention à redéfinir les normes internationales selon ses propres termes.
Trump face au nouveau défi géopolitique
La réaction de Donald Trump sur Truth Social, évoquant des dirigeants qui « complotent contre les États-Unis d’Amérique », témoigne de la perception américaine de cette nouvelle donne. Bien que le Kremlin ait démenti ces affirmations en espérant qu’elles étaient « ironiques », la réalité d’une coordination accrue entre ces trois puissances devient difficile à contester.
Implications pour l’ordre mondial
Cette alliance de facto entre la Chine, la Russie et la Corée du Nord redessine les équilibres géopolitiques mondiaux. Elle cristallise un front autoritaire face aux démocraties occidentales, avec des implications majeures pour :
- La sécurité européenne : l’implication nord-coréenne en Ukraine ouvre de nouveaux précédents
- La stabilité asiatique : l’alliance sino-nord-coréenne renforce les tensions régionales
- L’architecture multilatérale : ces puissances proposent une alternative à l’ordre libéral international
Vers un monde bipolaire revisité ?
L’image du trio Xi-Poutine-Kim sur la place Tian’anmen pourrait bien marquer un tournant historique. Elle symbolise l’émergence d’un pôle autoritaire structuré, capable de défier durablement l’hégémonie occidentale et de proposer un modèle alternatif de gouvernance mondiale.
Cette évolution interroge la capacité des démocraties à maintenir leur influence face à des régimes autoritaires de plus en plus coordonnés et déterminés à remodeler l’ordre international selon leurs propres intérêts.