Dans un live TikTok, le jeune artiste béninois Djècomon a exprimé son indignation face aux cachets jugés humiliants qu’on lui propose pour ses prestations. Ses propos ont déclenché une vague de réactions contrastées sur les réseaux sociaux, entre ironie, reproches et quelques marques de soutien.
Un cri du cœur en langue fon
Justin Kinwanou, alias Djècomon, ne cache plus son malaise. L’ex-enfant de rue devenu chanteur grâce à son passage sous le label Legend Beatz Empire, a pris la parole en direct pour dénoncer ce qu’il considère comme un manque de soutien de la part de l’industrie musicale béninoise.
S’exprimant en langue locale fon, l’artiste adolescent a extériorisé son coup de gueule contre ceux qui lui proposent des cachets de 20, 30 ou 40 mille francs CFA pour des prestations. Dans une déclaration empreinte d’émotion, il a confié : « Je n’ai pas faim. Je connais le chemin de la maison de mon père et de ma mère. J’ai aussi des oncles c’est à cause de ma désobéissance et parce que je cherche mon autonomie que je suis dans la rue. Maintenant vous venez me proposer 10 000 FCFA, voire même 5000f CFA pour des prestations sur scène. Vous qui devez m’encourager, vous me découragez. »
Ces propos révèlent la frustration d’un jeune artiste qui, malgré sa notoriété grandissante, se voit offrir des rémunérations qu’il juge insuffisantes et dévalorisantes pour son travail artistique.
Réactions en rafale sur les réseaux sociaux
Le cri de cœur de l’artiste a suscité une avalanche de réactions dans le rang des internautes. Sur Facebook, où un extrait du live a été relayé par la page « Le Radar », les commentaires ont fusé, révélant des opinions partagées sur l’attitude du jeune chanteur.
Pour certains internautes, Djècomon pèche par impatience et manque de maturité professionnelle. « Voilà les conséquences quand l’on quitte le professionnalisme pour l’amateurisme. Tu comprendras plus tard le fameux oiseau », raille un utilisateur. Un autre tranche avec pragmatisme : « Il n’a qu’à prendre ça d’abord, y’a pas l’argent dans pays-là. »
D’autres lui rappellent son jeune âge et l’importance de la persévérance dans le milieu artistique. « Il faut remercier Dieu que tu gagnes 5k, 10k. Il y a beaucoup d’artistes qui ne trouvent pas 2k. Petit à petit, l’oiseau fait son nid », conseille une internaute prénommée Jeanne, prônant la patience et la gratitude.
Codjo, un autre commentateur, se montre plus direct : « Mon cher, c’est trop tôt pour te plaindre… Tu risques de donner raison à tes détracteurs. Assume tes choix et évolue dans tes nouvelles options », suggérant que la plainte de Djècomon pourrait être prématurée et nuire à son image.
Une sortie dans un contexte de rupture professionnelle

Cette déclaration fracassante intervient dans un contexte particulier, quelques semaines après l’éclatement de sa relation professionnelle avec son producteur, Legend Beatz. La fin de leur collaboration, officialisée le 4 août 2025 par un communiqué de la maison de production Légende Beat Empire, avait déjà alimenté de nombreux débats dans le milieu musical béninois.
La polémique s’était davantage enflammée après des propos tenus par Djècomon devant son ancien tuteur et promoteur sur le plateau de l’émission « KFE weekend » de TVC Bénin. Lors de cette confrontation télévisée, alors que beaucoup s’attendaient à des excuses publiques, l’artiste avait déclaré avec une métaphore saisissante : « Je ne peux affirmer que je sais ou non ce que mon mentor me reproche. Quand tu gardes un animal dans la cage sans l’entretenir, il va se sauver. »
Cette comparaison avait choqué une partie du public qui jugeait irrévérencieuse l’attitude de l’artiste envers celui qui l’avait « sorti de la rue » et propulsé sur le devant de la scène musicale.
« Ekovo wè » : un titre qui dit tout
Depuis sa rupture avec Legend Beatz, Djècomon poursuit son chemin artistique en solo, non sans continuer à alimenter les polémiques. Le mercredi 3 septembre 2025, il a dévoilé « Ekovo wè », qui signifie « c’est terminé » en langue locale fon, un titre qui semble faire écho à sa situation personnelle et professionnelle.
Dans ce clip au ton parabolisant, l’artiste évoque une rupture teintée de reproches et de désillusion. « Il m’a donné le mouton tout en gardant la corde du mouton. Il m’a fait du bien en ayant les yeux sur le bienfait qu’il m’a fait », chante-t-il dans une métaphore transparente qui fait sans doute référence à ses rapports passés avec Legend Beatz.
Ces paroles suggèrent un sentiment de liberté surveillée et d’ingratitude ressentie, illustrant la complexité des relations entre artistes et producteurs dans l’industrie musicale africaine.
Les défis d’une carrière solo
Avec les polémiques qui s’accumulent depuis plusieurs semaines, Djècomon illustre parfaitement les dilemmes auxquels font face de nombreux jeunes artistes africains : comment transformer une célébrité fulgurante en carrière durable sans perdre le soutien du public et l’estime des acteurs culturels ?
Le parcours de Djècomon soulève également des questions importantes sur la valorisation des artistes locaux et les conditions de travail dans l’industrie musicale béninoise. Ses revendications, bien qu’exprimées avec la fougue de la jeunesse, pointent du doigt une réalité économique difficile pour les créateurs de contenu musical au Bénin.