La scène politique béninoise connaît un nouveau rebondissement avec le rapprochement affiché entre le Bloc Républicain (BR) et l’Union Progressiste – Le Renouveau (UP-R), deux formations phares de la mouvance présidentielle. Cette réconciliation intervient après plusieurs jours de tensions marqués par des décisions controversées et des échanges publics qui avaient fait craindre une fracture au sein de la majorité.
Une rencontre au sommet pour apaiser les tensions
Le jeudi 28 août 2025, les bureaux du Bloc Républicain à Cotonou ont accueilli une délégation de haut niveau de l’UP-R menée par son président Joseph Djogbénou. Cette visite officielle chez Abdoulaye Bio Tchané, président du BR, marque un tournant dans les relations entre les deux formations politiques après les récentes turbulences.
Selon les informations rendues publiques par le BR, cette rencontre s’est déroulée dans un climat apaisé et constructif. Les discussions ont principalement porté sur le renforcement des accords de partenariat qui lient les deux partis et sur leur collaboration future au sein de la mouvance présidentielle. Les deux leaders ont réaffirmé leur volonté commune de faire face ensemble aux défis politiques qui s’annoncent, notamment dans la perspective des prochaines échéances électorales.
Cette démarche diplomatique témoigne de la maturité politique des deux formations et de leur capacité à dépasser les divergences ponctuelles pour préserver l’unité de la majorité présidentielle.
La controverse autour des adhésions suspendues
L’origine de cette crise remonte au 25 août dernier, lorsque l’UP-R a publié une directive officielle (n°46/HDP/UP-R/2025) annonçant la suspension temporaire des adhésions en provenance du Bloc Républicain. Cette décision, signée par le secrétaire général Gérard Gbénonchi, avait créé un véritable séisme dans le paysage politique béninois.
Dans ce document, l’UP-R justifiait sa position par plusieurs impératifs stratégiques : préserver la discipline interne, garantir la stabilité de la majorité présidentielle et éviter tout déséquilibre organisationnel à l’approche des échéances électorales importantes. Cette mesure préventive visait également à maintenir la cohésion interne du parti face à l’afflux potentiel de nouveaux adhérents.
Cependant, cette suspension a été interprétée de diverses manières par les observateurs politiques. Certains analystes y ont vu une stratégie défensive pour contrôler et limiter l’arrivée massive de responsables politiques issus du BR, qui auraient pu modifier l’équilibre interne de l’UP-R. D’autres commentateurs ont perçu cette décision comme une volonté de verrouillage de l’espace politique interne, dans une logique de préservation des positions acquises.
La riposte du Bloc Républicain
La réaction du BR ne s’est pas fait attendre. Bertin Koovi, figure emblématique et cadre influent du parti, a vivement critiqué cette initiative qu’il qualifie de « mise en scène » orchestrée. Selon lui, la communication de l’UP-R véhicule une image erronée d’un Bloc Républicain affaibli et déserté par ses membres au profit de son allié.
Koovi a fermement contesté cette perception, soutenant que la réalité du terrain révèle plutôt un phénomène inverse. Il affirme que ce sont en fait des militants de l’UP-R qui abandonnent leur formation pour rejoindre Les Démocrates (LD), citant spécifiquement les cas observés dans les communes de Kandi et de Banikoara comme exemples concrets de cette tendance.
Cette contre-offensive du BR illustre les enjeux de positionnement et d’influence au sein de la mouvance présidentielle, chaque parti cherchant à préserver son attractivité et sa capacité de mobilisation.
Un appel à l’unité et à la cohésion
Au-delà de ces joutes politiciennes, Bertin Koovi a également lancé un appel à la responsabilité et à la modération. Il exhorte l’ensemble des acteurs de la mouvance présidentielle à faire preuve de plus de retenue et à œuvrer pour une meilleure cohésion interne. Cette position sage témoigne de la conscience qu’ont certains responsables politiques des enjeux supérieurs qui dépassent les intérêts partisans.
Dans cette logique d’apaisement, le cadre du BR suggère que l’UP-R devrait recentrer ses efforts sur l’essentiel : le soutien actif et constructif à la vision politique du président de la République, Patrice Talon. Plutôt que de se positionner comme l’unique alternative crédible pour la succession présidentielle, l’UP-R devrait, selon lui, privilégier la consolidation de l’action gouvernementale et le renforcement de la majorité.
Perspectives d’avenir pour la mouvance présidentielle
Cette réconciliation affichée entre le BR et l’UP-R intervient à un moment crucial de la vie politique béninoise. Avec l’approche des échéances électorales futures, l’unité de la mouvance présidentielle constitue un enjeu stratégique majeur pour la continuité de l’action politique et la stabilité institutionnelle du pays.
La capacité des deux formations à dépasser leurs divergences ponctuelles et à maintenir leur collaboration témoigne de leur maturité politique. Elle illustre également l’importance accordée à la préservation de l’équilibre politique national au-delà des considérations partisanes.
Cette évolution positive devrait permettre aux deux partis de se concentrer sur leurs missions essentielles : le service aux populations, la consolidation des acquis démocratiques et l’accompagnement des politiques publiques dans l’intérêt supérieur de la nation béninoise.
L’avenir dira si cette réconciliation s’inscrit dans la durée et si elle contribuera effectivement au renforcement de la cohésion au sein de la majorité présidentielle face aux défis politiques qui s’annoncent.
