Ce samedi, le Parlement sud-coréen a adopté une motion de destitution contre le président Yoon Suk-yeol, marquant une étape cruciale dans une crise politique d’envergure. La motion a été approuvée avec 204 votes favorables, contre 85 oppositions, trois abstentions et huit bulletins nuls, selon les informations relayées par RFI.
Une loi martiale à l’origine du vote
Cette destitution fait suite à une décision hautement controversée du président Yoon, qui avait imposé la loi martiale dans la nuit du 3 au 4 décembre 2024. Cette mesure visait à empêcher une réunion des députés, déclenchant un tollé général dans le pays et alimentant des critiques sur une atteinte grave à la démocratie.
Ce geste a exacerbé les tensions politiques déjà existantes, conduisant les parlementaires à initier une procédure de destitution sans précédent depuis plusieurs années.
Une suspension en attendant la cour constitutionnelle
Dès l’adoption de la motion, le président Yoon Suk-yeol a été immédiatement suspendu de ses fonctions. La situation reste toutefois provisoire, car la Cour constitutionnelle dispose d’un délai de 180 jours pour statuer sur la validité de cette destitution.
Pendant cette période, le Premier ministre Han Duck-soo assurera l’intérim en tant que chef de l’État. Si la destitution est confirmée, Yoon Suk-yeol deviendra le deuxième président sud-coréen à être destitué, après Park Geun-hye en 2017.
Cependant, l’histoire politique récente rappelle qu’une motion de destitution ne garantit pas automatiquement la fin d’un mandat présidentiel. En 2004, la Cour constitutionnelle avait annulé la destitution du président Roh Moo-hyun, décidée par le Parlement.
Une réaction mitigée dans la rue
À l’annonce de la destitution, des dizaines de milliers de manifestants rassemblés à l’extérieur de l’Assemblée nationale ont exprimé leur joie. Pour beaucoup, ce vote symbolise une victoire de la démocratie face à ce qu’ils perçoivent comme des abus de pouvoir.
Cependant, une partie de la population demeure divisée, redoutant des mois d’instabilité politique alors que le pays fait face à des défis économiques et diplomatiques majeurs.
Un avenir politique incertain
La décision finale de la Cour constitutionnelle sera déterminante pour l’avenir du président Yoon Suk-yeol et pour le paysage politique sud-coréen. En attendant, cette suspension plonge le pays dans une période de grande incertitude, avec des institutions sous pression et une opinion publique polarisée.
La Corée du Sud se trouve ainsi à un carrefour politique délicat, où les enjeux démocratiques et la stabilité institutionnelle seront testés dans les mois à venir.