Les emballages alimentaires et les ustensiles de cuisine, omniprésents dans notre quotidien, sont loin d’être inoffensifs. Selon une étude inédite publiée le 17 septembre 2024 dans le Journal of Exposure Science and Environmental Epidemiology, au moins 3 601 substances chimiques présentes dans notre corps proviendraient de ces matériaux. Ce chiffre impressionnant est le double des estimations précédentes, révélant une réalité inquiétante sur notre exposition quotidienne à des polluants invisibles mais potentiellement dangereux pour notre santé.
Une pollution chimique sous-estimée
Cette étude est le fruit d’une collaboration internationale menée par des scientifiques du Food Packaging Forum (basé à Zurich), de l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau, et de l’Institute of Environmental Health Science de l’université de Wayne (Detroit, États-Unis). En analysant les bases de données des substances chimiques entrant en contact avec les aliments, les chercheurs ont cherché leur présence dans les organismes humains via des études de biosurveillance. Leur conclusion est sans appel : au moins 3 601 produits chimiques provenant des emballages alimentaires et ustensiles de cuisine ont été retrouvés dans nos corps, une évaluation bien plus élevée que celle attendue.
Les Food Contact Chemicals (FCC) désignent les molécules qui, par le biais des emballages, des films plastiques, des ustensiles de cuisine, et même des machines industrielles, peuvent migrer dans les aliments que nous consommons. Parmi eux, de nombreux composés sont reconnus pour leur toxicité potentielle, comme les bisphénols, les phtalates, les métaux lourds, et divers pesticides. Autant de substances capables de se retrouver dans notre organisme, parfois à des niveaux alarmants.
Des substances dangereuses pour la santé
Ces produits chimiques ne sont pas anodins. Parmi les 3 601 substances recensées, certaines sont connues pour être particulièrement dangereuses pour la santé. Prenons par exemple les bisphénols, largement utilisés dans la fabrication de plastiques et de résines pour contenir des aliments et des boissons. Ils ont été associés à des perturbations endocriniennes, impactant le système hormonal et augmentant les risques de maladies comme le diabète ou certains cancers.
Les phtalates, utilisés comme plastifiants pour rendre les matériaux plus souples, sont eux aussi omniprésents dans notre quotidien. Or, ces composés chimiques sont soupçonnés de perturber le système reproductif et de favoriser des problèmes de développement chez les enfants.
Les métaux lourds comme le plomb, le cadmium et le mercure, bien que naturellement présents dans l’environnement, peuvent aussi se retrouver dans les ustensiles de cuisine et les emballages. Leur accumulation dans le corps humain est toxique, entraînant des effets neurologiques graves, notamment chez les enfants.
Enfin, d’autres polluants, surnommés « polluants éternels », comme les composés organiques volatils (COV), s’accumulent dans l’environnement et les organismes vivants, et ne se dégradent pratiquement pas. Ces polluants, qui incluent les perfluoroalkylées (PFAS), sont utilisés pour rendre les emballages résistants à l’eau et à la graisse, mais sont désormais associés à une multitude de risques pour la santé, allant des troubles immunitaires à certains cancers.
Une exposition généralisée et invisible
L’étude met en lumière une exposition généralisée et largement sous-estimée de la population à ces produits chimiques. Selon les chercheurs, cette nouvelle estimation — 3 601 substances chimiques — représente le double des chiffres précédents. Ces résultats sont basés sur un examen systématique des molécules qui entrent en contact avec des aliments et ont été contrôlées dans des études de biosurveillance humaine.
Ce travail scientifique est crucial, car il repose sur la littérature scientifique qui répertorie à ce jour un peu plus de 14 000 FCC. Ces chiffres révèlent à quel point ces substances chimiques sont omniprésentes dans notre environnement quotidien, et comment elles pénètrent dans nos organismes par des voies souvent insoupçonnées, comme les contenants alimentaires ou les poêles de cuisson.
Comment limiter l’exposition ?
Face à ces données alarmantes, il devient nécessaire de réfléchir à des moyens de réduire notre exposition à ces substances. Voici quelques gestes simples pour minimiser les risques :
- Préférez les matériaux naturels : Utilisez des ustensiles de cuisine en bois, acier inoxydable ou en verre plutôt qu’en plastique.
- Réduisez l’utilisation de contenants en plastique : Conservez vos aliments dans des récipients en verre, en inox ou en céramique.
- Évitez de chauffer les aliments dans des plastiques : Ne mettez pas de contenants en plastique au micro-ondes, car la chaleur favorise la migration des produits chimiques vers les aliments.
- Optez pour des emballages durables : Privilégiez les emballages réutilisables et non plastiques, comme les sacs en tissu ou en papier kraft.
Cette étude révèle l’ampleur inquiétante de notre exposition quotidienne à des produits chimiques issus des emballages alimentaires et des ustensiles de cuisine. Alors que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme, il est urgent que des actions soient prises pour réglementer l’utilisation de ces substances dans les matériaux en contact avec les aliments. En parallèle, en tant que consommateurs, nous pouvons déjà faire des choix éclairés pour protéger notre santé et celle de nos proches.